Les « châteaux du pays cathare » est une marque touristique déposée par le département de l’Aude. Elle désigne une vingtaine de forteresses érigées, principalement, en Aude et en Ariège. Ces dernières sont souvent désignées comme des châteaux cathares mais cette appellation est impropre. Certaines citadelles, en effet, n’ont aucun lien avéré avec le catharisme. Elles se situent, pour la plupart, sur des pitons rocheux réputés imprenables. La cité de Carcassonne et 7 autres châteaux sont en lice pour l’inscription au patrimoine mondial de l’UNESCO au titre des « citadelles du vertige ».
Qu’est-ce que le catharisme ?
Le catharisme désigne une religion considérée comme dissidente par l’Eglise catholique. Elle se développe autour de l’an mil en Europe occidentale et s’étend sur une bonne partie du Languedoc. Ses adeptes refusent l’Ancien Testament et ne reconnaissent ni l’autorité du pape, ni celle de l’Eglise. Ils souhaitent adopter un mode de vie plus proche de celui des premières communautés chrétiennes. Ils ne reconnaissent ni les pratiques, ni les sacrements mis en place par l’Eglise. En 1208, le pape lance la croisade contre les Albigeois afin d’en finir avec cette hérésie. Le coup de grâce est donné à Montségur, en 1244, lorsque la citadelle tombe et que des centaines de Cathares périssent sur le bûcher.
Les châteaux du pays cathare sont, pour nous, synonymes de nostalgie. Une partie de notre famille est originaire de cette région. Nous y passions donc une partie de nos vacances. Immanquablement, nous repartions nous perdre dans les ruines de Quéribus, Aguilar ou Peyrepertuse. Ils nous évoquent de merveilleux souvenirs d’enfance et nous rappellent des années plus insouciantes. Nous sommes très attachées à cette région et, plus particulièrement, à ces châteaux. Nous vous présentons, ici, notre top 5.
Puilaurens
Le château de Puilaurens se dresse à 697 m d’altitude, sur le Mont Ardu, dans le département de l’Aude. Il s’agit d’une des forteresses royales de la région parmi les mieux conservées. Au Xème siècle, l’abbaye de St Michel de Cuxa fonde l’église St Laurent à laquelle est associé un ouvrage fortifié. Durant la Croisade des Albigeois, le château de Puilaurens accueille des hérétiques.
En 1255, le roi St Louis prend possession du château qui devient l’un des « 5 fils de Carcassonne ». Ces derniers désignent 5 citadelles puissantes érigées sur les sommets des Corbières afin de protéger la frontière française face à l’Aragon. Ces châteaux sont progressivement abandonnés suite au traité des Pyrénées, en 1659. Ce dernier décale, en effet, la frontière avec l’Aragon plus loin vers le sud. Les citadelles perdent donc leurs fonction stratégique.
Le château de Puilaurens fait, incontestablement, partie des plus beaux châteaux du pays cathare. Il est considéré comme l’archétype de la citadelle militaire de montagne. C’est une véritable prouesse architecturale tant son adaptation au relief escarpé est parfaite !
Quéribus
Le château de Quéribus est perché au sommet d’un éperon rocheux, à 728 m, d’altitude, dans le département de l’Aude. Le nom de Quéribus apparaît, pour la première fois, en 1020.
De loin, c’est à peine si l’on distingue son donjon massif. Ce dernier semble défier les cieux du haut de son sommet vertigineux. Le panorama, fabuleux, s’étend de la plaine de Tautavel jusqu’à Caudiès. Quéribus est l’un des derniers châteaux du pays cathare à servir de refuge aux hérétiques après la chute de Montségur. Le commandant de la place résiste jusqu’au siège de 1255. Il cède alors la citadelle au roi de France en échange de sa liberté. Quéribus intègre la ligne de défense face à l’Aragon jusqu’au traité des Pyrénées. Il fait donc partie des « 5 fils de Carcassonne ».
La forteresse semble épouser le pic rocheux sur lequel elle est bâtie, jusqu’à son imposant donjon qui se dresse fièrement au sommet. De loin, seul ce dernier est visible. Cependant, contrairement aux apparences, il s’agit de la forteresse de hauteur la mieux préservée du Pays cathare. Le panorama, vertigineux et fabuleux, s’étend des Pyrénées jusqu’à la Méditerranée. Si vous regardez bien, vous pourrez même distinguer les ruines du château de Peyrepertuse qui fut construit un peu plus loin.
Peyrepertuse
Peyrepertuse se dresse à 800 m. d’altitude, dans le département de l’Aude. Un premier château est mentionné au XIIème siècle mais il ne devient forteresse royale qu’en 1258. Son rôle était de contrôler et de surveiller un territoire considéré comme hérétique et dissident par l’Église catholique. Il faisait, également, partie des « 5 fils de Carcassonne » et servait donc à sécuriser la frontière avec l’Aragon. En revanche, il ne sembla pas servir d’abri aux hérétiques. Par conséquent, il fait partie des châteaux du pays cathare qui n’auraient jamais accueillis d’hérétiques au sein de ces murs.
Situé juste en face du château de Quéribus, il permettait de contrôler les cols. Les deux forteresses pouvaient ainsi communiquer par signaux en cas de danger. Peyrepertuse est un véritable vaisseau de pierre dont les murs épousent à la perfection la forme du rocher. Quasi indétectable de loin, c’est un chef d’œuvre d’innovation et d’adaptation au relief. Ce fleuron de l’architecture militaire est l’un des plus beau château du Pays cathare mais aussi l’un des plus émouvant. Les ruines dégagent une énergie vibrante presque perceptible et qui devient quasi mystique lorsque la forteresse est recouverte de brume.
Les châteaux de Lastours
Niché au cœur de la montagne noire, à 300 m d’altitude, le vaste complexe archéologique de Lastours présente 4 châteaux fortifiés édifiés au sommet d’un socle rocheux. Le site est mentionné, pour la 1ère fois, en 1067. Il se composait alors de 3 châteaux, d’un village et du castrum de Cabaret. À cette époque, les seigneurs tirent leur richesse de l’exploitation des mines de fer.
La présence régulière de personnages importants de la religion cathare laisse supposer que Lastours était un haut lieu du catharisme. Les châteaux sont assiégés, en vain, en 1209 puis en 1227. Ils sont, toutefois, détruits durant la croisade des Albigeois et les habitants sont chassés. Le roi St Louis décide alors de rebâtir les 3 tours. Il en ajoute une 4ème, la tour Régine, afin d’affirmer sa puissance.
Montségur, le château martyr du Pays cathare
Construit en 1204, dans l’actuel département de l’Ariège, le château de Montségur culmine à 1 207 m d’altitude. Il ne reste, aujourd’hui, plus que des ruines de ce haut lieu du catharisme. Au XIIIème siècle, en effet, Montségur sert d’abris et de refuge aux hérétiques. À partir de 1232, la forteresse devient même le siège et la capitale de l’Eglise cathare. Le castrum est alors peuplé de 500 à 600 personnes avec des religieux cathares, des civils et des hommes d’arme pour assurer la sécurité de la population. Sa localisation, tout en haut d’un éperon rocheux, en fait une forteresse quasiment imprenable.
Une histoire tragique
Montségur devient le symbole de la résistance religieuse. En 1243-1244, 10 000 croisés assiègent la citadelle. Après plusieurs tentatives infructueuses, un groupe de soldats parvient à prendre le Roc de la Tour. Cette zone est considérée comme quasi imprenable en raison de l’à-pic vertigineux qu’elle surplombe. Elle est donc moins défendue. Le commandant de la place négocie la reddition après un blocus interminable de 11 mois. Les hérétiques ont le choix : se convertir ou mourir. Ils choisissent le bûcher. 220 personnes sont ainsi mises à mort à proximité du château, dans un lieu qui demeure encore mal déterminé. Après la chute de Montségur, le roi de France l’attribue à l’un de ses lieutenants, Guy de Lévis. Une garnison royale occupe la forteresse jusqu’au traité des Pyrénées, en 1659. Puis, elle est progressivement abandonnée avant d’être inscrite aux Monuments historiques en 1862.
La localisation vertigineuse du château ainsi que son histoire tragique font de Montségur un site unique. Il s’agit, à mes yeux, du plus émouvant des châteaux du Pays cathare. Sa visite se mérite et commence par l’ascension du mythique « pog » de Montségur. Il faut 30 mn de marche sur un sentier parfois abrupt avant d’atteindre l’imposante citadelle. Difficile de ne pas penser au sort tragique de ses occupants tant la puissance d’évocation du site est fort ! Si fort, en réalité, que de nombreuses légendes circulent à propos de ce château.
Un château auréolé de mystère
De nombreuses légendes entourent le château de Montségur. Au XIXème siècles, les auteurs romantiques s’emparent de son histoire pour en faire un lieu emblématique de la résistance cathare, auréolé de théories mystiques et ésotériques. Ainsi, une rumeur tenace prétend que deux cathares auraient réussi à fuir le château assiégé et auraient dissimulé un fabuleux trésor dans un lieu tenu secret. Certains vont même jusqu’à affirmer que le Graal (la coupe ayant reçu le sang du Christ après la crucifixion) faisait partie des richesses mises à l’abri par les deux hérétiques. En 1939, des officiers nazis organisent même des fouilles archéologiques sur le site de Montségur afin de dénicher le Graal.
D’autres rumeurs affirment que Montségur serait lié à un culte solaire. Tous les ans lors du solstice d’été, le 21 juin à 6h23, les rayons du soleil entrent par deux meurtrières du donjon pour ressortir par celles situées sur la face opposée, créant ainsi un alignement parfait.
Informations pratiques pour visiter les châteaux du pays cathare
Ces châteaux se situent tous sur des éperons rocheux, pour la plupart réputés imprenables. Par conséquent, leur visite se mérite ! Des sentiers de randonnée permettent de les rejoindre en, au moins, une trentaine de minutes. Ils ne sont pas vraiment adaptés aux personnes ayant des difficultés à se déplacer. De plus, vérifiez bien la météo avant de partir. Certains sentiers peuvent être dangereux par temps de pluie ou d’orage. Chaussez-vous correctement et prenez de l’eau car il peut faire très chaud en été !
Vertigineux. Imprenables. Les châteaux du pays cathare fascinent car leurs histoires mouvementées, parfois tragiques, sont au cœur de nombreuses légendes. Ces vaisseaux de pierre arrimés à leurs éperons rocheux enflamment les imaginations depuis le XIXème siècle. Aujourd’hui encore, de nombreuses rumeurs entourent ces ruines d’autant plus que leur localisation complique parfois la tenue de fouilles archéologiques. L’écho du passé n’a pas fini d’y résonner…
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