Vous souhaitez visiter les plages du débarquement ? La France s’apprête à commémorer les 80 ans de cet évènement. L’occasion idéale pour mêler Histoire et mémoire. Les plages du débarquement désignent 5 plages situées sur les côtes du Calvados et du Cotentin, en Normandie. Chaque année, des milliers de personnes viennent se recueillir sur ces plages. Ces dernières servirent de cadre à la plus grande opération amphibie et aéroportée de notre histoire. Le débarquement des Alliés sur les plages normandes, le 6 juin 1944, coute la vie à de nombreux soldats. Ces lieux de mémoire possèdent un puissant impact émotionnel.
L’opération Neptune, récit du débarquement de Normandie
En 1944, les Allemands occupent la France depuis quatre longues années. Hitler contrôle une bonne partie de l’Europe de l’Ouest. Les Alliés cherchent donc à lancer une offensive qui leur permettrait de reprendre du terrain sur les forces de l’Axe tout en ouvrant un nouveau front à l’ouest. La côte nord de la France est idéale pour une telle opération, en raison de sa proximité géographique avec les côtes anglaises. Les plages normandes, notamment, présentent des défenses moins importantes que celles du Pas-de-Calais. La proximité de Paris, objectif majeur des Alliés, est aussi un atout important qui joue en faveur de la Normandie.
L’opération Neptune (nom de code du débarquement) doit donc permettre de créer une tête de pont pour les Alliés dans le Nord-ouest de l’Europe. Elle prend place dans le cadre de l’opération Overlord (nom de code pour la reconquête du Nord de la France). Le matin du 6 juin 1944, la plus importante flotte aéronavale jamais rassemblée décolle de l’Angleterre en direction des plages normandes. Les 2 700 bateaux qui transportent les soldats, le ravitaillement et les équipements sont escortés par 500 navires de guerre auxquels s’ajoutent 1 300 avions de transport et 2 600 avions de combat. Cette offensive d’une envergure sans précédent est un véritable tournant stratégique dans le déroulement de la 2nde guerre mondiale (1939-1945).
Visiter les 5 plages du débarquement
Le débarquement se fait sur 5 plages de Normandie qu’il est possible de visiter. Les noms actuels correspondent aux noms de code donnés par les Alliés, en 1944.
Visiter Utah beach (secteur américain) et son musée du débarquement
Cette large plage de sable se trouve bordée par un cordon dunaire qui la sépare des marais. Elle est donc propice à un assaut amphibie. Dans la nuit du 5 au 6 juin, 2 divisions de parachutistes sont larguées sur le site afin de protéger le secteur et d’enrayer toute possibilité de contre-attaque allemande. À 6h30 du matin, le 6 juin, 2 200 hommes débarquent à 2 km de l’endroit prévu suite à des erreurs de navigation. Les défenses allemandes sont moins importantes et la résistance ennemie relativement faible. 200 soldats perdent, tout de même, la vie pour prendre ce secteur. Les Alliés nettoient rapidement la plage et pénètrent vers l’intérieur en passant par les marais.
Utah Beach est la première plage prise par les Alliés. Le but est de créer une tête de pont dans le Cotentin afin de prendre Cherbourg et son port en eau profonde. Sur le site, un musée fait revivre les évènements du 6 juin avec des objets, des véhicules (bombardier B26) ou encore des témoignages. Malheureusement, nous avons visité ces plages du débarquement peu de temps après le confinement. Les musées étaient donc fermés mais nous vous encourageons à y faire un tour !
Omaha beach (secteur américain) : quand le débarquement tourne mal…
À Omaha Beach, des falaises abruptes bordent le littoral. Sur 6 à 7 km, cependant, la côte s’affaisse pour former des talus descendant en pente raide sur la plage. Le site est donc aisé à défendre pour les Allemands. Ces derniers y ont placé des murs antichars, des canons, des mitrailleuses, des champs de mines ainsi que des barbelés. Bref, le secteur est loin d’être l’idéal pour une opération de cette envergure ! Le site constitut un véritable piège pour les Alliés. Les pertes humaines et matérielles seront nombreuses sur celle que l’on surnomme « bloody Omaha » (« sanglante Omaha »). Mais si les Alliés ont choisi cette plage pour leur débarquement, c’est qu’ils n’avaient pas le choix. Elle permettait, en effet, de faire le lien entre Gold Beach, à l’est, et Utah Beach, à l’ouest.
Le débarquement commence à 6h30 sous un feu nourri qui bloque les soldats sur la plage. La plupart des chars amphibie ont coulé avant même d’atteindre la côte. Quant aux tirs nocturnes, ils se sont avérés être inefficaces contre les défenses allemandes. Les péniches apportant des renforts sautent sur les mines et les obstacles que les hommes du génie ne sont pas parvenus à désamorcer à temps. Les fantassins doivent donc se débrouiller seuls, d’autant plus que la marée montante réduit un peu plus la plage au fil des heures. Les combats s’éternisent jusqu’à ce qu’un escadron parvienne à escalader les falaises pour prendre l’ennemi à revers.
L’opération est un succès mais le prix pour l’obtenir est élevé. Les pertes américaines sont effroyables avec 3 000 morts en une seule journée. Ce bilan est l’un des plus lourds du débarquement. Sur la plage, une statue rappelle les sacrifices consentis par ses hommes pour libérer la région de l’occupant allemand.
Gold Beach (secteur britannique)
La côte de Gold Beach est basse et marécageuse. La mission des Britanniques est de libérer Bayeux et de faire la liaison avec les troupes Canadiennes de Juno Beach. L’assaut commence à 7h25 avec une forte résistance allemande et des pertes sévères côté britannique. L’appui des blindés et l’arrivée de renforts permettent, cependant, de sécuriser la position alliée dans le secteur en fin d’après-midi. Les troupes s’enfoncent dans les terres et s’emparent de Bayeux le 7 juin, dans la matinée.
Juno Beach (secteur canadien), un combat acharné
De gros villages et des stations balnéaires occupent cette portion du littoral. Des canons antichars et des mitrailleuses sont positionnés le long de la côte, sur des digues. Les Canadiens doivent délivrer la zone proche de Courseulles-sur-Mer avant de s’enfoncer dans l’arrière-pays pour opérer la jonction avec les forces britanniques de Gold Beach.
La forte houle et les récifs côtiers dangereux compliquent les conditions de navigation. Les Canadiens ne parviennent pas à débarquer avant 8h alors que la marée montante dissimule les récifs et les obstacles. Ces derniers font des ravages, à l’image des mines sur lesquelles sautent de nombreuses embarcations. Sur la plage, les pertes sont lourdes d’autant plus que les retards des chars laissent l’infanterie livrée à elle-même. Les soldats canadiens finissent par enfoncer les lignes ennemies. Mais le nettoyage des villages prend du temps en raison de l’étroitesse des rues, des tirs de snippers ou de l’encombrement de la plage. En fin de journée, 21 000 hommes ont réussi à débarquer et à faire la jonction avec les Britanniques de Gold Beach. En revanche, à la tombée de la nuit, les Allemands tiennent toujours le secteur les séparant de Sword Beach.
Sword beach (secteur franco-britannique)
Sword Beach est la seule plage où débarque un commando français avec 177 fusiliers marins auxquels viennent s’ajouter des planeurs et parachutistes britanniques. Le débarquement se fait sur une portion de plage étroite, devant Hermanville, en raison des bancs de sables, des récifs côtiers et des défenses allemandes importantes dans le secteur. La résistance ennemie est forte mais l’appui des chars permet d’enfoncer le Mur de l’Atlantique et de nettoyer Hermanville dès le milieu de la matinée. Les troupes, en revanche, peinent à s’enfoncer dans l’intérieur des terres (étroitesse des rues, contre-attaques allemandes, encombrement des plages). Les pertes s’élèvement à 7 000 hommes. Les soldats réalisent la jonction avec les Canadiens de Juno Beach le lendemain tandis que 30 000 hommes parviennent à débarquer.
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La pointe du Hoc ou les cicatrices de l’Histoire
La pointe du Hoc, à l’ouest d’Omaha Beach, constitue l’un des points fort des fortifications allemandes (batterie d’artilleries avec poste de direction de tirs, casemates, abris…). Les Alliés doivent s’en emparer afin d’éliminer la menace que la batterie allemande faisait peser sur Omaha et Utah Beach. Le problème ? Le système défensif allemand se trouve au sommet d’hautes falaises qui se dressent, quasiment, à la verticale au-dessus des flots.
Afin de détruire les canons, un bataillon d’élite de 261 rangers a dû escalader les 30 mètres de falaises à pic. Ils parviennent au sommet en quelques minutes malgré la paroi glissante, les cordes détrempées, le vent et le feu nourri des Allemands. Le combat, au sommet, s’avère être très meurtrier pour les forces alliées qui se retrouvent encerclées et privées de renforts. Le combat s’achève le 8 juin grâce aux troupes venues d’Omaha Beach. Sur les 225 rangers parvenus au sommet de la falaise, 90 étaient encore en état de se battre.
De nos jours, il est difficile d’imaginer que ce cadre naturel magnifique a été le théâtre d’une des actions les plus spectaculaires du débarquement. Pourtant, 80 ans plus tard, le sol garde encore les traces du bombardement intensif qui a précédé les opérations. La zone est constellée de cratères dus aux tirs d’obus depuis un cuirassé, le tout complété par une attaque aérienne. Le site, très bien conservé avec ses bunkers, rappelle le prix élevé payé par ses hommes venus libérer une terre étrangère. De nombreux obus se trouvent encore dans le secteur. En 2011, une vaste opération de déminage est mise en place suite à la découverte de 500 obus.
Le port artificiel d’Arromanches-les-Bains
Pour la réussite de leur opération, les Alliés ont besoin de ports afin de débarquer les hommes, le matériel ou encore les munitions. Or, les Allemands défendent trop bien les ports de la région. Il est donc impossible de les prendre d’assaut. Churchill évoque alors l’idée de créer deux ports artificiels, en face d’Arromanches et d’Omaha. Ce dernier fut, malheureusement, détruit par la tempête du 19 juin 1944. Seul celui d’Arromanches fut donc opérationnel.
Les différents éléments seraient fabriqués en Angleterre avant d’être remorqués à travers la Manche pour être assemblés au large des côtes normandes. Des plateformes sur pilotis sont installées afin de décharger les hommes et les équipements au large tandis que des routes flottantes permettent de les acheminer sur la terre ferme. Enfin, d’immenses blocs de béton forment la rade du port et servent de digues ou de brise-lame. Le port artificiel est opérationnel dès le mois de juillet 1944 et reste en activité pendant 8 mois.
En 100 jours, 400 000 soldats, 4 millions de tonnes de matériel et 500 000 véhicules débarquent à Port Winston, en face d’Arromanches-les-Bains. La construction de ce port artificiel est une véritable prouesse technique, d’autant plus impressionnante si l’on considère les moyens de l’époque et les conditions dans lesquelles l’opération fut mise sur pied. De nombreux vestiges sont encore visibles sur la plage et au large d’Arromanches-les-Bains.
Les cimetières militaires
Au total, 27 cimetières militaires se trouvent à proximité des plages du débarquement et nous vous invitons à en visiter certains. Le plus célèbre est, toutefois, le cimetière américain de Colleville-sur-Mer. Il se situe à proximité d’Omaha Beach qu’il est possible de rejoindre grâce à un sentier. Cet emplacement est symbolique puisqu’il donne sur la plage qui couta la vie à de nombreux soldats américains. Ce cimetière fait partie des 25 sites funéraires des États-Unis sur un sol étranger. Le territoire sur lequel il est construit est une concession perpétuelle de la France aux États-Unis. Ces derniers sont donc propriétaires du cimetière sur un territoire où s’applique le droit français.
La première chose qui frappe lorsqu’on pénètre dans l’enceinte du cimetière est sa taille. 9 388 pierres tombales blanches s’alignent, impeccablement, devant vous. Quasiment à perte de vue. Il est difficile de ne pas ressentir le poids de l’Histoire face à toutes ces sépultures d’une blancheur immaculée. Dans le péristyle, le mur des disparus recense 1 557 noms. Une chapelle multiconfessionnelle abrite les drapeaux des 4 nations qui participèrent au débarquement, à savoir les États-Unis, le Canada, l’Angleterre et la France. Une statue de bronze de 7 m de haut représente la jeunesse américaine qui renaît. La visite de ce cimetière est émouvante, voire difficile, mais elle permet de prendre conscience de toutes ces vies perdues. De ces soldats qui se sont sacrifiés au nom de la liberté et qui sont venus mourir pour une terre qui n’était pas la leur.
Visiter les plages du débarquement, un devoir de mémoire
Le débarquement du 6 juin 1944 est un succès puisqu’il permet de libérer les côtes normandes de l’occupant allemand. Plusieurs mois, cependant, sont nécessaires afin de nettoyer l’intérieur des terres et parvenir à libérer Paris, le 25 aout. La visite de ces sites emblématiques de la plus grande opération aéroportée et amphibie de notre histoire est très émouvante. Les paysages, magnifiques, semblent parfois figés dans le temps. Certains gardent encore l’empreinte des combats sanglants qui s’y sont déroulés comme la pointe du Hoc dont les trous d’obus sont encore clairement visibles. Une visite poignante mais ô combien nécessaire afin de ne pas oublier cette page sombre de notre Histoire !
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